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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

buts sont les attributs d’un être infini. C’est pourquoi, dans la première partie, chap. IX, nous avons appelé Fils de Dieu, ou créature immédiate de Dieu, cet attribut de la pensée, ou l’entendement dans la chose pensante, et nous avons dit qu’il était créé immédiatement par Dieu, parce qu’il renferme objectivement l’essence formelle de toutes les choses et qu’il n’est jamais ni augmenté ni diminué. Et cette idée est nécessairement une, puisque l’essence des propriétés et des modifications contenues dans ces propriétés sont l’essence d’un seul être infini[1]. En outre, il est à remarquer que les modifications susnommées, quoique aucune d’elles ne soit réelle, sont également contenues dans leurs attributs ; et puisqu’il n’y peut avoir d’inégalité, ni dans les modes, ni dans les attributs, il ne peut y avoir non plus dans l’idée rien de particulier qui ne serait pas dans la nature. Mais, si quelques-uns de ces modes acquièrent une existence particulière et par là se séparent de leurs attributs d’une certaine manière (puisqu’alors l’existence particulière qu’elles ont dans leur attribut devient le sujet de leur essence), alors se montre une diversité dans les essences de ces modifications et par conséquent dans les essences objectives, lesquelles essences de ces modifications sont représentées nécessairement dans l’idée[2]. C’est pour-

  1. Cette dernière proposition manque dans le manuscrit B, et par conséquent dans la traduction latine, et n’est que dans la traduction allemande. (P. J.)
  2. La rédaction de ce passage est obscure et confuse : il y a sans doute quelque altération de texte. Voici le commentaire donné par M. Sigwart :« Si vous prenez les choses seulement dans leur essence, abstraction faite de l’existence particulière des choses individuelles, elles ne sont toutes qu’une seule chose : les essences des choses particulières sont comprises dans leurs attributs, et les attributs en Dieu. Il n’y a pas de différence dans l’être des différents attributs ;