Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/34

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le corps est un modèle de beauté complète, et achevée, sans aucune des défectuosités de détail qui causent le désespoir de Frenhofer. Son amant la décide à poser devant celui-ci, à la condition que le voile qui cache la sublime toile tombera devant lui et devant Porbus.

Le vieux peintre refuse d’abord avec indignation, et, malgré sa douleur, finit par consentir en voyant Gillette.

Quand le tableau apparaît enfin aux yeux des deux visiteurs dévorés d’impatience, ils n’aperçoivent qu’une toile surchargée de couleurs mêlées, ne représentant plus rien, tant l’artiste, poursuivi par le désir de la perfection, a fait, refait et défait son ouvrage. Lui seul voit son chef-d’œuvre sur cette toile détruite, où, dans un coin du tableau disparu, subsiste encore pourtant un unique vestige de l’admirable étude primitive, représenté par un pied merveilleux, fragment comparable, en peinture, aux