Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/46

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« Il (Porbus) s’inquiéta d’autant moins de lui (Poussin), que le néophyte demeura sous[1]

  1. les descriptions sont si cruellement difficiles à bien faire, et plaisent si rarement aux lecteurs, qui ont la prétention d’y suppléer, que vous perdrez, ma foi ! ce morceau peint par moi à l’huile, peint sur place, et dans lequel les jours, les teintes, la poussière, les accessoires, les figures, possédaient un certain mérite…

    » Vous y eussiez vu, entre autres choses, une croisée ogive coloriée et une petite fille occupée à remettre ses chausses, exécutées avec un fini vraiment regrettable. C’était aussi vrai, aussi faux, aussi peigné, léché qu’une croquade d’amateur. Mais aujourd’hui la peinture est si malade en France, qu’il y aurait crime à faire encore des tableaux en littérature ; aussi nos poètes sont-ils généralement sobres d’images, par politesse… »

    Après un court passage, conservé dans l’ouvrage, Balzac reprenait ainsi, à propos du tableau destiné à Marie de Médicis :

    « À toutes les époques, il s’est rencontré des gens soigneux d’enterrer les drapeaux et de sauver les dieux en déroute, car dans tous les siècles, on a revendu les dieux avec bénéfice.

    » Cette belle page (le mot n’étant pas encore inventé pour désigner une œuvre de peinture, j’aurais pu tout aussi bien vous dire : Cette pourtraicture saincte et mignonnement parachevée. Mais le placage historique me semble fatigant, outre que beaucoup ne comprennent plus les vieux mots), cette page donc représentait une Marie Égyptienne acquittant le passage du bateau. Ce chef-d’œuvre, destiné à Marie de Médicis, fut par elle vendu à Cologne, aux jours de sa misère ; et, lors de notre invasion en Alle-