Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec celui qui les a composés. Ils sont d’une crudité et d’une fausseté révoltantes. Comment peindre avec cela ? » Puis il trempait avec une vivacité fébrile la pointe de la brosse dans les différents tas de couleurs, dont il parcourait quelquefois la gamme entière, plus rapidement qu’un organiste de cathédrale ne parcourt l’étendue de son clavier à l’Ô Filii de Pâques.

» Porbus et Poussin se tenaient immobiles chacun d’un côté de la toile, plongés dans la plus véhémente contemplation.

» — Vois-tu, jeune homme, disait le vieillard sans se détourner, vois-tu comme au moyen de trois ou quatre touches et d’un petit glacis bleuâtre, on pouvait faire circuler l’air autour de la tête de cette pauvre sainte, qui devait étouffer et se sentir prise dans cette atmosphère épaisse ? Regarde comme cette draperie voltige à présent et comme on comprend que la brise la soulève ! Auparavant, elle avait l’air d’une toile