Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/62

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empesée et soutenue par des épingles. Remarques-tu comme le luisant satiné que je viens de poser sur la poitrine rend bien la grasse souplesse d’une peau de jeune fille, et comme le ton mélangé de brun rouge et d’ocre calcinée réchauffe la grise froideur de cette grande ombre, où le sang se figeait au lieu de courir ? Jeune homme, jeune homme, ce que je te montre là, aucun maître ne pourrait te l’enseigner. Mabuse seul possédait le secret de donner de la vie aux figures. Mabuse n’a eu qu’un élève, qui est moi. Je n’en ai pas eu, et je suis vieux ! Tu as assez d’intelligence pour deviner le reste par ce que je te laisse entrevoir.

» Tout en parlant, l’étrange vieillard touchait à toutes les parties du tableau ; ici deux coups de pinceau, là un seul, mais toujours si à propos qu’on aurait dit une nouvelle peinture, mais une peinture trempée de lumière. Il travaillait avec une ardeur si passionnée que la sueur perlait sur