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118 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. dans ses œuvres. Hélénà méritait mieux que cet ostracisme, justifié peut-être aux yeux d’Alfred de Vigny par une certaine obscurité répandue dans le plan et dans les détails. Le sujet est un. épisode de la révolte de la Grèce, et son caractère politique fut aussi, sans doute, au nombre des causes qui décidèrent un jour le poète à le supprimer de ses œuvres. Cette sévérité est regrettable, car il s’y trouve des parties très bien traitées et tout à fait réussies. Dans l’impossibilité où nous sommes de repro- duire en entier ce poème, nous croyons ne pouvoir mieux faire que d’en donner au moins un fragment, digne en tous points du chantre d’Éloa Si de grands bœufs errants sur les bords d’un marais Combattent le loup noir sorti de ses forets, Longtemps en cercle étroit leur foule ramassée Présente à ses assauts une corne abaissée, Et, reculant ainsi jusque dans les roseaux, Cherche un abri fangeux sous les dormantes eaux. Le loup rôde en hurlant autour du marécage II arrache les joncs, seule proie à sa rage, Car, au lieu du poil jaune et des flancs impuissants, Il voit nager des fronts armés et mugissants. Mais que les aboiements d’une meute lointaine Rendent sûrs ses dangers et sa faite incertaine,