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Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/167

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160 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. avec l’impatience d’arriver à la mort. J’étais contente quand je me sentais mourir il y a dix ans. C’était la seule joie, la seule force qui me fussent restées mais mon âme se mourait la première, et j’ai consenti à sauver mon corps pour sauver mon âme. » Mon âme se porte bien aujourd’hui et mon corps aussi. Je suis prête à mourir si l’on veut. Mais, mon Dieu, je te demande de ne pas mourir en colère, et d’avoir un autre mal que celui du foie 1 » C’est pour cela que l’idée et l’envie du sui- cide me reviennent si fort depuis quelque temps. Il serait si bon de mourir dans le calme Est-il certain que nous n’ayons pas ce droit-là ? Je croyais l’avoir, ce droit inaliénable, au temps de mon scepticisme, et si je n’en ai point usé, c’est que l’amour maternel me pres- crivait d’élever mes enfants. Les voilà bientôt qui n’ont plus besoin de moi. Qui sait même si ma mort ne leur serait pas plus utile aujourd’hui que ma vie ? Mais.Dieu, auquel j’ai toujours cru, même dans le temps où je ne l’aimais plus, que j’aime aujourd’hui qu’il m’apparaît sous l’idée