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Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/195

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188 LES LUNDIS D’UN CTIERCIIEUR. chesse infinie des ciselures ; c’est l’invention originale de l’expression ; c’est la pensée qui circule chaudement dans les plus petits détails, comme le sang dans les plus petites veines ; secret de la vie pour le livre comme pour l’homme. n Le style de M. Théophile Gautier en est des meilleurs que nous connaissions, ferme, fin, souple, solide, faisant d’excellents plis, flottants parfois, jamais lâchés. Il a l’ampleur et il a la précision, comme la belle langue du temps de Louis XIII. On sent à tout moment, dans ce romancier, les hautes et idéales facul- tés du poète ; on sent ses ailes dans sa marche et sa poésie dans sa prose. La poésie ne gêne pas plus le poète quand il écrit en prose, que les ailes ne gênent l’oiseau. L’esprit de M. Gautier est doué d’une originalité vraie et qui le met à part. En toutes choses, il a horreur du banal, du com- mun, du convenu. En toutes choses, il cherche le côté choisi, élégant, spirituel, para- doxal, singulier, quelquefois étrange, la face aperçue de peu de regards. Il incline au fan- tastique, mais au fantastique lumineux, en