Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

34 LES LUNDIS D’UN CHERCIIEUR.- Les poètes et les peintres, ces menteurs involontaires, ont prodigieusement flatté les enfants ; ils les ont représentés comme de petits chérubins qui ont laissé leurs ailes dans les cieux, comme des âmes de lait et de crème que le contact du monde n’a pas encore fait tourner à l’aigre. Victor Hugo, entre autres, a fait sur eux une foule de vers adorables, où les métaphores gracieuses sont épuisées ce sont des fleurs à peine épanouies où ne bourdonne nulle abeille au dard venimeux, des yeux in- génus où le bleu d’en haut se réfléchit sans nuage ; des lèvres de cerise que l’on voudrait manger et qui ne connaissent pas le mensonge ; des cheveux palpitants, soie lumineuse et blonde que soulève le souffle de l’ange gardien ou la respiration contenue de la mère— penchée avec amour, tout ce qu’on peut imaginer de coquet- tement tendre et de paternellement anacréon- tique Quelle peau de camélia, de papier de riz, quel teint de cœur de clochette s’ouvrant dans la rosée, les peintres et surtout Lawrence ont donné à l’enfince Quel regard intelligent déjà dans sa moite profondeur, dans son éton-