Page:Spronck - L’an 330 de la République.djvu/127

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morale aux derniers confins du monde asiatique. Un jour vint où se réalisa en sa personne le rêve le plus prodigieux de despotisme absolu qui ait jamais pu hanter un cerveau humain. Il fut à la fois le pape infaillible et le césar vainqueur de cinq cents millions d’hommes fanatiques et belliqueux.

Pour quiconque a pénétré la marche de l’histoire, et sait que chaque germe tend d’une manière fatale à se développer jusqu’à épanouissement complet de ses forces latentes, l’apparition d’Ibrahim-el-Kébir n’est pas un phénomène inexplicable. On aurait pu pressentir le conquérant, dès longtemps avant la conquête : il était, en somme, l’aboutissement suprême, l’incarnation achevée du génie islamique sous ses divers aspects. Entre l’Orient et l’Occident, la lutte n’avait été qu’inter-