Page:Spronck - L’an 330 de la République.djvu/141

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nul, dans le désarroi universel, songeât à secourir les sinistrés.

Alors, devant cette subite accumulation d’infortunes et de souffrances, un vent de folie furieuse sembla avoir passé sur l’Europe. Des hommes, des femmes, des enfants même se refusèrent à attendre leur destinée prochaine et se donnèrent la mort. Le suicide en commun fut la dernière élégance macabre de cette grande société agonisante ; des rendez-vous étaient pris à date fixe ; après des orgies sans nom où le plus souvent le sang avait coulé, au milieu des fumées de l’ivresse, les convives s’égorgeaient les uns les autres, ou se brûlaient vifs dans leurs demeures incendiées. La foule assistait, stupide, à ces lugubres spectacles, ou y applaudissait avec des cris de joie incohérents, les yeux brillant déjà d’une démence pareille.