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la dernière pente au-dessus de Dörfli, Pierre rencontra un buisson auquel il put se cramponner, et il demeura un moment étendu à terre, immobile, pour reprendre ses esprits.

— Bon ! encore un ! dit une voix tout près de lui. Au tour de qui sera-ce demain de recevoir une poussée et de nous dégringoler de par là-haut comme un sac de pommes de terre mal cousu ?

Celui qui raillait de la sorte était le boulanger de Dörfli. Ayant éprouvé le besoin d’interrompre ses occupations échauffantes et de prendre un peu l’air, il avait été témoin de la dégringolade de Pierre qui, en effet, n’était pas sans analogie avec celle du fauteuil.

En un clin d’œil Pierre fut sur ses pieds. Nouvelle terreur ! voilà que le boulanger savait maintenant que le fauteuil avait dû recevoir une poussée ! Sans retourner une seule fois la tête, Pierre se mit en devoir de remonter la montagne. Il aurait bien préféré dans ce moment rentrer à la maison et se glisser inaperçu dans son lit où personne ne pourrait le trouver ; c’était là qu’il se croyait toujours le plus en sûreté. Mais ses chèvres étaient encore au pâturage, et le Vieux de l’alpe lui avait