Aller au contenu

Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
LA SUNAMITE.

auprès des infortunés d’avoir prévu leur malheur ! Hélas ! ma pauvre sœur ne se fera que trop de reproches ! elle va s’accuser elle-même comme une implacable ennemie. Mais je la vois ; ah ! qu’elle est pâle et tremblante ! sauroit-elle déjà tout ?


Scène II.


GUEHAZI, LA SUNAMITE, LA SŒUR.
LA SUNAMITE.

Ma sœur, comme cette chambre est obscure ! elle étoit si claire, si brillante il y a quelques heures !

LA SŒUR.

Ma sœur, la nuit est venue, le soleil a disparu ; l’obscurité convient mieux aux pensées qui nous occupent.

LA SUNAMITE.

Oui, tu as raison, je les connois ces pensées, mais je ne puis les exprimer : je voudrois te demander… Mais, non, garde-toi de me répondre ; je pourrois te haïr si tu prononçois des mots horribles. Laisse-moi, j’attends encore. Ah ! qui peut se résoudre à n’attendre plus ! Je comprends ce silence ; elle seroit déjà