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dez qu’on l’accuse pour les dons quelle vous a prodigués ! Le Roi aimoit la Reine avec tendresse, et son dévouement pour lui, et ses vertus maternelles ont bien justifié ce sentiment, mais cependant il ne la consulta presque jamais sur le choix de ses Ministres. M. de Maurepas dès les premiers jours du régne de Louis XVI, se montra contraire à la Reine, il rivalisa sa jeune influence sur un jeune Roi, et parvint à l’écarter absolument des affaires dont les goûts de son âge l’éloignoient déjà naturellement. M. de Maurepas fit renvoyer deux Ministres citoyens, M. Turgot et M. Necker, et la Reine marqua publiquement quelle estimoit et regrettoit tous les deux. M. de Vergennes continua gravement les frivoles systêmes de M. de Maurepas, et craignant de même l’ascendant de la Reine, de même il sût détourner le Roi de s’y livrer. M. de Calonne lui succéda, et rien n’est plus connu que l’aversion énergique de la Reine contre ce Ministre, son esprit aimable, cependant, sembloit devoir séduire ceux dont le jugement ne seroit pas uniquement guidé par la réflexion, la Reine qui eut trouvé dans la facilité du caractère de M. de Calonne, tant de moyens de satisfaire ses goûts, s’ils avoient été prodigues ; la Reine sortant tout-à-coup du cer-