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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/11

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cle habituel de ses devoirs et de ses amis, attaqua ce Ministre élégant avec l’austérité de la morale et de la raison, décida le Roi à le renvoyer, et signala par cet acte et par la nomination de l’Archevêque de Sens, sa premiere influence sur les affaires publiques, j’en appelle à tous ceux qui placés près de la Cour, ont pu sçavoir avec certitude l’histoire intime de la France, est-il une autre époque du régne du Roi, dans laquelle la Reine lui aye fait adopter ses conseils ? Et n’est-il pas certain que jusques à ce tems elle jouït de l’éclat du trône sans rechercher son autorité ?

Ce ministère de l’Archevêque de Sens, cause immédiate de la Révolution, peut-être blâmé par les partisans du systême aristocratique, mais assûrément les démocrates doivent l’approuver, c’est par cette administration que le germe de tous leurs principes a été développé, le Ministre opposa lui-même les Communes au Parlement, à la Noblesse, au Clergé, le Roi déclara que le droit d’imposer ne lui appartenoit pas, les États Généraux furent promis, tous les Français invités à publier leur avis sur le mode de convocation, enfin les observateurs de ce tems crurent deviner que l’Archevêque de Sens vouloit une révolution en France, et depuis il l’a professé lui-