Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 9 ]

étoit trop facile pour les uns et les autres ; et cette femme si courageuse en présence de la mort a pu être accusée de foiblesse quand le malheur ou l’amitié désiroient de se servir d’elle, mais en parcourant les régistres des finances, l’on peut voir que ses dons mêmes ne se sont élevés qu’à la somme la plus modérée, et il faut bien égarer le Peuple pour parvenir à lui persuader que les impôts dont il étoit surchargé, venoient de dépenses qui ne s’élevoient pas à la hauteur du quart de la liste civile décrétée par l’Assemblée constituante.

La guerre d’Amérique, les déprédations des Ministres, des abus de tous genres inconnus à une jeune Reine, comme à la plupart des hommes d’État d’alors, causérent ce déficit dans les finances, dont les effets ont été si terribles, mais est-il possible d’oser l’attribuer à deux ou trois millions distribués chaque année en bienfaits, dont la plupart retournoient entre les mains du pauvre et de l’infortuné. Vous quelle a sécouru, vous qui êtes parmi ce Peuple aujourd’hui tout puissant, dites si vous souffrirez qu’au nom de votre intérêt on punisse la Reine des généreux effets de sa pitié pour vous ? Et vous mères de famille, qu’une prédilection si touchante l’engageoit à préférer, dites si c’est vous qui deman-