Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tir, d’user de nos seuls efforts ? Oh ! que nous serions malheureux ! Il serait bien rare que quelqu’un de nous pût se délivrer du fardeau de ses péchés ; car nous sommes généralement peu portés à un labeur assidu, surtout lorsqu’il s’agit de notre vie spirituelle ; et si nous n’étions pas secondés, si le travail de notre sanctification ne nous était pas facilité et adouci depuis longtemps, nous aurions abandonné l’œuvre de notre salut. Mais Dieu, ce père si sage et si clément, nous allège quelquefois le poids de notre fardeau spirituel. D’autres fois, au contraire, il le rend plus lourd, afin de nous éprouver, de nous habituer à la patience et à la mortification de notre chair corrompue et pervertie. Quelle sagesse infinie il montre en usant alternativement de ces deux moyens ! Il en résulte que l’œuvre de notre salut, par l’effet de la grâce divine, reste toujours possible, exempte de trop de difficultés, et souvent même nous fait plaisir.[1].

— Jamais il n’est plus difficile de dire sincèrement : Que votre volonté, ô Père, soit faite, que quand on souffre d’un grand chagrin ou d’une grave maladie, surtout si on est victime de l’injustice humaine, ou de la violence et des embûches de l’ennemi. Il est de même difficile de dire sincèrement : Que votre volonté soit faite, lorsque nous sommes nous mêmes la cause d’un malheur ; car nous sommes persuadés que ce n’est pas la volonté de Dieu, mais notre volonté à nous qui nous a mis dans un tel embarras, oubliant que rien n’arrive sans la volonté de Dieu. En somme, il n’est pas facile de se persuader que nous puissions souffrir par la volonté de Dieu, lorsque notre cœur nous dit par la foi et par l’expérience que Dieu est notre félicité. C’est pourquoi il est bien difficile de dire dans le malheur : Que votre volonté soit faite. Nous faisons la réflexion

  1. Page 176.