Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un effet pour ainsi dire tout naturel son prochain, parce que ce dernier est l’image de Dieu et en même temps enfant de Dieu, s’il est chrétien, membre de Jésus-Christ, homme-Dieu, et son membre à lui : parce que nous sommes membres les uns des autres (Eph. V, 30) ; parce que nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os (1 Cor. VI, 17). Tout ce qui tient à la terre, la nourriture, la boisson, le plaisir et la beauté terrestre, le vêtement, la gloire, lui est indifférent, car il ne peut pas servir deux maîtres. Son cœur est uni au Seigneur, il est plongé en lui, englouti par l’amour dont il déborde pour lui, et tout ce qui tient à la terre, tout le charme de ce monde, disparaît pour lui dans le Seigneur. Tout disparaît jusqu’à son propre cœur, le cœur de chair, coupable et rempli de passions, qui s’évanouit en s’identifiant avec Dieu dans un même esprit : mon cœur est disparu ; mais celui qui s’unit au Seigneur est un même esprit avec lui (1 Cor. VI, 17). Restant uni au Seigneur, il voit tout à la vraie lumière, et apprend à connaître le véritable prix des choses de la terre et du ciel, surtout la vanité, le néant de tout ce qui est matière et la vérité, la supériorité infinie, l’éternité des biens spirituels. Il trouve en Dieu la purification des péchés, la sainteté perdue, la paix, le soulagement, la véritable liberté, la joie dans l’Esprit-Saint. Il trouve en Dieu la nourriture et le breuvage spirituel, propres à sa nature, la douceur spirituelle, le vêtement spirituel, lumineux, splendide, blanc comme la neige, et la beauté inénarrable qu’il pourra admirer éternellement, ainsi que la lumière inaccessible, dont il sera éternellement environné, et une demeure, en harmonie avec les besoins de son âme, qui deviendra elle-même une demeure où résidera la Sainte Trinité.[1].

  1. P. 327.