dès que vous prenez une feuille religieuse ou un livre de piété, surtout un livre d’église ou de prières, vous ressentez la fatigue et le doute ; vous devenez incrédule et vous vous sentez envahi par une sorte d’obscurité et de dégoût. Bien des personnes l’avouent. Quelle en est la cause ? Certes, ce n’est pas au livre qu’il faut l’attribuer, mais au lecteur lui-même, à la nature de son cœur et en premier lieu au démon, l’ennemi de l’homme et de tout ce qui est saint. Lorsque nous lisons des œuvres mondaines nous ne le dérangeons pas, et lui, de son côté, nous laisse tranquilles. Mais il nous suffit d’ouvrir un livre saint, de nous rappeler la nécessité de notre conversion et de notre salut et le voilà qui s’en prend à nous et qui se met à nous tourmenter. Qu’y a-t-il donc à faire en ce cas ? Devons-nous nous interdire toute bonne occupation, toute saine et sainte lecture, même la prière ? Non, il faut s’armer de patience et chercher en elle le salut. Vous possèderez vos âmes dans votre patience. (Luc, XXI, 19), dit le Seigneur. Tout cela se rapporte également au théâtre et à l’église, à la scène et à l’office divin. Au théâtre, chacun trouve du plaisir, mais à l’église bien des personnes ressentent la fatigue et l’ennui. Et pourquoi ? Parce que, au théâtre, tout est adapté en perfection pour charmer nos sens, et, loin de déranger le démon, nous lui faisons plaisir ; il est donc évident que lui de son côté en fait autant pour nous. Amusez-vous, mes amis, leur dit-il, riez tant que vous voulez, pourvu que vous ne songiez pas à Dieu. À l’église, au contraire, tout tend à fortifier la foi et la crainte de Dieu, à éveiller en nous la piété, le sentiment de notre culpabilité et de notre corruption ; et le démon s’efforce de nous souffler au cœur le doute, le découragement, la fatigue et toute sorte de mauvaises pensées, au point que nous ne savons plus que faire de nous. Nous arrivons à éprouver presque une impossibilité de nous
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