Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/126

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Au fond, le départ n’était qu’un prétexte ; mes hommes avaient peur de la route et cherchaient à se dégager ; là était le secret de la révolte. Or le seul moyen, non seulement de les faire marcher, mais de dissiper leurs craintes, c’était la preuve d’une force irrésistible. Même employée contre eux, mon énergie les rassurait ; il fallait que, dans le cas présent, mon pouvoir fût reconnu, dût l’insubordination être punie de mort.

Loin d’obéir, Asmani leva le bras pour épauler. Son dernier moment était venu, lorsque Mabrouki, l’ancien serviteur de Speke, s’étant glissé derrière lui, fit un bond et lui arracha le mousquet, en s’écriant avec horreur :

« Malheureux ! tu oses viser ton maître ? »

Puis, se jetant à mes pieds, Mabrouki me supplia de ne pas punir les rebelles.

« Tout est fini, dit-il ; plus de querelle. Nous irons tous au lac ; et Inch Allah ! nous retrouverons le vieil homme blanc. Répondez, hommes libres ! N’est-ce pas que vous irez au Tanguégnica sans vous plaindre ? Dites-le au maître, et d’une seule voix.

– Oui, par Allah ! oui, par Allah ! mon maître. Il n’y a pas d’autres paroles, dit chacun à voix haute.

– Demande pardon, ou va-t-en », reprit l’orateur en s’adressant à Asmani, qui s’exécuta de bonne grâce, à la satisfaction de tout le monde. Je n’avais plus qu’à pardonner, et je le fis d’une manière générale, n’exceptant de la mesure qu’Ambari et Bombay, que je considérais comme les instigateurs de la révolte.