Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/70

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Sainteté, elle aura une reconnaissance éternelle pour l’agent qui aura fait finir une intrigue aussi contrariante pour lui. Ferraterra appartenait à la haute noblesse de Ferrare ; il était riche, il avait plus de cinquante ans… Animé par la perspective si voisine du chapeau, il fit des merveilles ; il osa changer brusquement de rôle auprès de la princesse. Depuis deux mois que Sénecé la négligeait évidemment, il eût pu être dangereux de l’attaquer, car à son tour le prélat, comprenant mal Sénecé, le croyait ambitieux.

Le lecteur trouverait bien long le dialogue de la jeune princesse, folle d’amour et de jalousie, et du prélat ambitieux. Ferraterra avait débuté par l’aveu le plus ample de la triste vérité. Après un début aussi saisissant, il ne lui fut pas difficile de réveiller tous les sentiments de religion et de piété passionnée qui n’étaient qu’assoupis au fond du cœur de la jeune Romaine ; elle avait une foi sincère. — Toute passion impie doit finir par le malheur et par le déshonneur, lui disait le prélat. — Il était grand jour quand il sortit du palais Campobasso. Il avait exigé de la nouvelle convertie la promesse de ne pas recevoir Sénecé ce jour-là. Cette ; promesse avait peu coûté à la princesse ; elle se croyait pieuse, et, dans le fait,