Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/105

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se réfugia dans la loge de la tourière qui était à gauche en entrant ; à sa grande joie, il y trouva une lampe presque imperceptible qui brûlait devant l’image de la Madone ; il la prit avec beaucoup de précautions pour ne pas l’éteindre ; il s’aperçut avec chagrin qu’il tremblait. Il regarda sa blessure au genou, qui le faisait beaucoup souffrir ; le sang coulait en abondance.

En jetant les yeux autour de lui, il fut bien surpris de reconnaître, dans une femme qui était évanouie sur un fauteuil de bois, la petite Marietta, la camériste de confiance d’Hélène ; il la secoua vivement.

— Eh quoi ! seigneur Jules, s’écria-t-elle en pleurant ; est-ce que vous voulez tuer la Marietta, votre amie ?

— Bien loin de là ; dis à Hélène que je lui demande pardon d’avoir troublé son repos, et qu’elle se souvienne de l’Ave Maria du Monte Cavi. Voici un bouquet que j’ai cueilli dans son jardin d’Albano ; mais il est un peu taché de sang ; lave-le avant de le lui donner.

A ce moment, il entendit une décharge de coups d’arquebuse dans le passage ; les bravi des religieuses attaquaient ses gens.

— Dis-moi donc où est la clé de la petite porte ? dit-il à la Marietta.

— Je ne la vois pas ; mais voici les clés des cadenas des bras de fer qui maintiennent la grande porte. Vous pourrez sortir.

Jules prit les clés et s’élança hors de la loge.

— Ne travaillez plus à démolir la muraille, dit-il à ses soldats, j’ai enfin la clé de la porte.