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Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/106

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Il y eut un moment de silence complet, pendant qu’il essayait d’ouvrir un cadenas avec l’une des petites clés ; il s’était trompé de clé, il prit l’autre ; enfin, il ouvrit le cadenas ; mais, au moment où il soulevait le bras de fer, il reçut presque à bout portant un coup de pistolet dans le bras droit. Aussitôt il sentit que ce bras lui refusait le service.

— Soulevez le valet de fer, cria-t-il à ses gens ; il n’avait pas besoin de le leur dire. A la clarté du coup de pistolet, ils avaient vu l’extrémité recourbée du bras de fer à moitié hors de l’anneau attaché à la porte. Aussitôt trois ou quatre mains vigoureuses soulevèrent le bras de fer ; lorsque son extrémité fut hors de l’anneau, ou le laissa tomber. Alors on, put entr’ouvrir l’un des battans de la porte ; le caporal entra, et dit à Jules en parlant fort bas :

— Il n’y a plus rien à faire, nous ne sommes plus que trois ou quatre sans blessure, cinq sont morts.

— J’ai perdu du sang, reprit Jules, je sens que je vais m’évanouir dites-leur de m’emporter.

Comme Jules parlait au brave caporal, les soldats du corps-de-garde tirèrent encore trois ou quatre coups d’arquebuse, et le caporal tomba mort. Par bonheur, Ugone avait entendu l’ordre donné par Jules, il appela par leurs noms deux soldats qui enlevèrent le capitaine. Comme il ne s’évanouissait point, il leur ordonna de le porter au fond du jardin, à la petite porte. Cet ordre fit jurer les soldats ; ils obéirent toutefois.

— Cent sequins à qui ouvre cette porte ! s’écria Jules.