Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/324

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la ville même de l’ancienne Vulci, sur la rive droite de la Fiora, et on y trouva, entre autres objets précieux, une magnifique statue de bronze qui fut achetée par le roi de Bavière.

Mais pour en revenir aux sept cent mille francs reçus par le prince en échange de ses vases, ce furent l’Angleterre et l’Allemagne qui payèrent avec plaisir cette somme énorme ; la France n’y participa que pour cinq mille francs, tant le goût des arts est encore incertain chez nous lorsqu’il n’est pas fortifié par la mode. Or comment les pauvres vases de Corneto auraient-ils été à la mode ? Ils n’étaient protégés par personne. Un savant étranger m’a appris que le numéro du Moniteur du 28 juillet 1830, le dernier Moniteur du règne de Charles X, imprimé au milieu de la bataille et qui, comme de raison, n’en dit mot, contient une longue lettre qui explique assez bien ce que c’est que les vases de Corneto, comme quoi il y en a de tout noirs, d’autres qui présentent des figures noires sur un fond orange, d’autres enfin qui ont des figures oranges sur un fond noir. J’ai scandalisé le savant étranger en lui disant qu’on ne lit jamais dans le Moniteur que les ordonnances qui nomment les ministres ; que, quant aux articles littéraires, on leur trouve je ne sais quoi d’officiel et d’illisible. J’ai ajouté que les antiquités ne seront jamais à la mode en France, par la raison que certains charlatans trop connus s’en sont emparés comme de leur domaine. En France, pays du charlatanisme et de la camaraderie, personne ne veut être dupe des charlatans trop connus.