Il y a une raison plus invincible pour que les antiquités ne soient jamais véritablement à la mode à Paris : il faut une certaine attention pour les comprendre. Cette attention profonde qui nous manque fait le grand mérite des Anglais et l’unique mérite des Allemands : ces peuples-là, pour se venger de notre esprit et se consoler de ce que depuis dix ans leurs théâtres nationaux ne jouent que des pièces de M. Scribe, nous appellent légers. Je ne serai point injuste envers ces messieurs ; je ne leur disputerai point leur goût véritable pour les antiquités. Le roi de Bavière, après avoir fait acheter des vases de Corneto et de Canino pour plusieurs centaines de mille francs, est venu lui-même visiter les six tombeaux ouverts à Corneto. Il a voulu se les faire expliquer dans le plus grand détail par le célèbre chevalier Manzi, qui a écrit de très bonnes dissertations sur l’origine de ces tombeaux, et par le savant M. Acolti de Corneto. Le roi est descendu dans tous les tombeaux, et comme le contact de l’air altère pratiquement les couleurs brillantes dont leurs parois intérieures sont revêtues, sa majesté a fait venir de Rome M. Ruspi, peintre fort distingué et surtout fort consciencieux ; elle lui a ordonné de s’établir pour quinze jours dans cette nécropole et de faire des copies exactes des quatre côtés et du plafond de chacun de ces tombeaux.
Vingt-deux de ces tableaux, de la grandeur des originaux, sont exposés dans deux salles du musée de Munich et offrent la réunion de la couleur la plus brillante,