Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/53

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Ainsi, il faut de toute nécessité que tu deviennes forte sur le piano ; il faut te roidir contre l'ennui et songer au plaisir que la musique te donnera un jour.

J'aurais bien désiré que tu apprisses à dessiner. Tu me dis que le maître qui vient chez Mademoiselle Lassaigne est mauvais ; mais il vaut encore mieux apprendre d'un mauvais maître que de ne pas apprendre du tout. D'ailleurs tu rougiras du papier pendant un an, avant que d'être en état de sentir les règles, et peut-être, à cette époque, trouveras-tu un bon maître. Ce que je te recommande, c'est de dessiner la tête et jamais le pay­sage ; rien ne gàte les commençants comme cela.

Je sens comme toi, que Monsieur Velly1 n'est pa très amusant ; cependant il faut le lire ; mais tu pourras renvoyer cela à un an ou deux. En attendant, tu pourras lire des histoires particulières qui sont aussi amusantes que les histoires générales le sont peu. Prie le grand-papa Gagnon de te donner l'Histoire du siècle de Louis XIV par Voltaire ; l'Histoire de Charles XII, roi de Suède par le même ; l'Histoire de Louis XI par Mlle de Lussan ; la Conjuration de Venise par l'abbé de

1. L'abbé Velly (1709-1759), auteur d'une Histoire de France.