que je ne trouve pas cette prétention absolument déplacée. Un Samuel Bernard, ou un M. Coutts, a l’esprit tendu toute la journée pour découvrir les places d’Europe et d’Amérique qui manquent d’argent, et où il est avantageux d’en jeter rapidement.
Si je ne pense pas tout-à-fait qu’un banquier, au milieu de ses agens-de-change et de ses registres à dos élastique, soit l’homme du monde le plus sensible aux vues tendres ou sublimes que jette sur les profondeurs du cœur humain le génie d’un Byron ou d’un Lamartine, je serai moins sévère pour ce qui a rapport à la muse comique. Je fais grand cas des comédies jouées par les industriels. Ce n’est point la satisfaction d’un amour puéril et un vain contrat de mariage qui en font le dénouement, mais bien le gain rapide de plusieurs millions. Et ne vous y trompez pas, les moyens d’intrigue sont proportionnés à l’importance du but. C’est-là que les Molières futurs prendront leurs sujets de comédie. Loin d’inventer des ressorts, leur génie se fatiguera à rendre supportables à la scène les moyens d’intrigue mis en usage par leurs illustres modèles. Or, comment des gens qui, sur le théâtre du monde, jouent la comédie avec tant de succès,