Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/204

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nos tyrans, servez-moi aujourd’hui, demain ce sera mon tour[1].

Avant cette exception il y a celle de la véritable amitié née dans l’enfance et non gâtée depuis par aucune jalousie
 
Les confidences d’amour-passion ne sont bien reçues qu’entre écoliers amoureux de l’amour, et entre jeunes filles dévorées par la curiosité, par la tendresse à employer, et peut-être entraînées déjà par l’instinct[2] qui leur dit que c’est là la grande affaire de leur vie, et qu’elles ne sauraient trop tôt s’en occuper.

Tout le monde a vu des petites filles de trois ans s’acquitter fort bien des devoirs de la galanterie.

L’amour-goût s’enflamme et l’amour-passion se refroidit par les confidences.

Outre les dangers, il y a la difficulté des confidences. En amour-passion, ce qu’on

  1. Mémoires de madame d’Épinay, Geliotte.
    Prague, Klagenfurth, toute la Moravie, etc., etc. Les femmes y sont fort spirituelles et les hommes de grands chasseurs. L’amitié y est fort commune entre femmes. Le beau temps du pays est l’hiver : on fait successivement des parties de chasse de quinze à vingt jours chez les grands seigneurs de la province. Un des plus spirituels me disait un jour que Charles-Quint avait régné légitimement sur toute l’Italie, et que par conséquent, c’était bien en vain que les Italiens voudraient se révolter. La femme de ce brave homme lisait les lettres de mademoiselle de Lespinasse.
    Znaym, 1816.
  2. Grande question. Il me semble qu’outre l’éducation qui commence à huit ou dix mois, il y a un peu d’instinct.