Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/214

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et Clarke, fait aux sources du Missouri en 1806, page 215 :

« Les Ricaras sont pauvres, mais bons et généreux ; nous vécûmes assez longtemps dans trois de leurs villages. Leurs femmes sont plus belles que celles de toutes les autres peuplades que nous avons rencontrées ; elles sont aussi très disposées à ne pas faire languir leurs amants. Nous trouvâmes un nouvel exemple de cette vérité, qu’il suffit de courir le monde pour voir que tout est variable. Parmi les Ricaras, c’est un grand sujet d’offense si, sans le consentement de son mari ou de son frère, une femme accorde ses faveurs. Mais du reste, les frères et les maris sont très contents d’avoir l’occasion de faire cette petite politesse à leurs amis.

« Nous avions un nègre parmi nos gens ; il fit beaucoup de sensation chez un peuple qui pour la première fois voyait un homme de cette couleur. Il fut bientôt le favori du beau sexe, et, au lieu d’en être jaloux, nous voyions les maris enchantés de le voir arriver chez eux. Ce qu’il y a de plaisant, c’est que dans l’intérieur de huttes aussi exiguës, tout se voit[1]. »

  1. On devrait établir à Philadelphie une académie qui s’occuperait uniquement de recueillir des matériaux pour l’étude de l’homme dans l’état sauvage, et ne pas attendre que ces peuplades curieuses soient anéanties.