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PREMIER ESSAI DE PRÉFACE[1]

Cet ouvrage n’a eu aucun succès ; on l’a trouvé inintelligible, non sans raison. Aussi, dans cette nouvelle édition, l’auteur a-t-il cherché surtout à rendre ses idées avec clarté. Il a raconté comment elles lui étaient venues ; il a fait une préface, une introduction, tout cela pour être clair et, malgré tant de soins, sur cent lecteurs qui ont lu Corinne, il n’y en a pas quatre qui comprendront ce livre-ci.

Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas amusant comme un roman. C’est tout uniment une description exacte et scientifique d’une sorte de folie très rare en France. L’empire des convenances, qui s’accroît tous les jours, plus encore par l’effet de la crainte du ridicule qu’à cause de la pureté de nos mœurs, a fait du mot qui sert de titre à cet ouvrage une parole

  1. Mai 1826.
    Cette préface et les deux suivantes figurent pour la première fois dans l’édition de l’Amour (fragments inédits), Michel Lévy, 1853
    N. D. L. E.