Page:Stendhal - De l’amour, I, 1927, éd. Martineau.djvu/35

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qu’on évite de prononcer toute seule, et qui peut même sembler choquante. J’ai été forcé d’en faire usage ; mais l’austérité scientifique du langage me met, je pense, à l’abri de tout reproche à cet égard.

 

Je connais un ou deux secrétaires de légation qui, à leur retour, pourront me rendre ce service. Jusque-là, que pourrais-je dire aux gens qui nient les faits que je raconte ? Les prier de ne pas m’écouter.

On peut reprocher de l’égotisme à la forme que j’ai adoptée. On permet à un voyageur de dire : « J’étais à New-York, de là je m’embarquai pour l’Amérique du sud, je remontai jusqu’à Santa-Fé-de-Bogota. Les cousins et les moustiques me désolèrent pendant la route, et je fus privé, pendant trois jours, de l’usage de l’œil droit. »

On n’accuse point ce voyageur d’aimer à parler de soi ; on lui pardonne tous ces je et tous ces moi, parce que c’est la manière la plus claire et la plus intéressante de raconter ce qu’il a vu.

C’est pour être clair et pittoresque s’il le peut, que l’auteur du présent voyage dans les régions peu connues du cœur humain dit : « J’allai avec madame Gherardi aux mines de sel de Hallein… La princesse Crescenzi me disait à Rome…