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journal de stendhal

« Sacré intrigant, il y a longtemps que je te connais.

— Tais-toi, je te foutrai vingt gifles, » etc., etc.

On sent bien que, dussé-je me faire chasser vingt fois par M. D[aru], je ne pourrais répondre à la menace de vingt gifles qu’en donnant une à rabattre sur le tout.

Fromentin a trente-deux ou trente-trois ans, ne les paraît pas. Un teint gris, composé de taches de rousseur, la mine intrigante et fausse. Il est grand et bien fait, les jambes exceptées. Il a servi autrefois et fait, dit-on, une belle action, n’étant pour lors âgé que de seize ans, et pour cela il demanda la croix, pour laquelle même, l’année dernière, il écrivit directement à l’empereur. Seulement, il mit sur son épître le cachet de M. D[aru], qui malheureusement se trouvait chez S. M. lorsque la lettre arriva. Il la décacheta et la rendit ensuite à From[entin] en lui faisant des excuses : « Je l’ai décachetée par erreur. »

Si je ne me trompe, F[romentin], dans la société de Paris, paraîtrait un peu grossier, ayant un peu le ton de corps de garde.


Lajard. — Pour faire le contraste parfait, je mettrai après lui sa femme, c’est-à-dire celui avec qui il voyage, qu’il protège, etc.

Lajard est un jeune vieillard de vingt-cinq ans, mais non pas dans le genre de Lejeune, d[irec--