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Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/44

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journal de stendhal

et toutes les maisonnettes situées sur la pente sortaient parfaitement.

La lumière brillante que l’incendie frappait sur les sommités de quelques édifices.

L’insouciance du grenadier du bivouac : « Le feu viendra jusque-là », en montrant une maison séparée de celle qui brûlait par cinquante ou soixante maisons. Nous avons appris que quarante ont brûlé. On a d’abord dit que trois ofTiciers de chevau-légers de la Garde, enivrés par les seaux de vin qu’on distribuait à l’abbaye, avaient été rôtis ; ça s’est réduit, je crois, à un maréchal-des-logis horriblement brûlé, mais qui vit encore.

Voilà de l’horreur, mais de l’horreur aimable, si l’on peut parler ainsi. Celle d’hier a été de l’horreur horrible, portée chez moi jusqu’au mal de cœur.

Nous arrivâmes à Wels vers les cinq heures, fûmes fort bien logés chez un brave homme. Nous étions venus en voiture légère. Les paysans, attelés à la grosse, coupèrent les traits et la laissèrent gisante au milieu du chemin.

Charles arriva tout riant nous dire cela. Il rit de tous les accidents ; c’est un moyen de s’excuser de prendre la peine d’y remédier. Ce coquin de myself*, dont je pense et dis tant de mal, et que cependant j’aime beaucoup, est quelquefois comme cela. J’étais assez ennuyé à me promener dans la grande chambre sombre de mon hôte, à réfléchir que probablement Jean, notre domestique, déserteur, déserterait en