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valier Riscara détestait le fiscal Rassi, qu’il accusait de lui avoir fait perdre un procès important dans lequel, à la vérité, lui, Riscara, avait tort. Par Riscara, le prince reçut un avis anonyme qui l’avertissait qu’une expédition de la sentence de Fabrice avait été adressée officiellement au gouverneur de la citadelle. La marquise Raversi, cet habile chef de parti, fut excessivement contrariée de cette fausse démarche, et en fit aussitôt donner avis à son ami, le fiscal général ; elle trouvait fort simple qu’il voulût tirer quelque chose du ministre Mosca, tant que Mosca était au pouvoir. Rassi se présenta intrépidement au palais, pensant bien qu’il en serait quitte pour quelques coups de pied ; le prince ne pouvait se passer d’un jurisconsulte habile, et Rassi avait fait exiler comme libéraux un juge et un avocat, les seuls hommes du pays qui eussent pu prendre sa place.

Le prince, hors de lui, le chargea d’injures et avançait sur lui pour le battre.

— Eh bien ! c’est une distraction de commis, répondit Rassi du plus grand sang-froid ; la chose est prescrite par la loi, elle aurait dû être faite le lendemain de l’écrou du sieur del Dongo à la citadelle. Le commis plein de zèle a cru avoir fait un oubli, et m’aura fait signer la lettre d’envoi comme une chose de forme.

— Et tu prétends me faire croire des mensonges aussi mal bâtis ? s’écria le prince furieux :