Page:Stendhal - La chartreuse de Parme (Tome 2), 1883.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 370 —

sourire sur cette figure d’anachorète, mais il n’y put parvenir. Ce qui rendait le changement plus frappant, c’est qu’avant ces derniers temps, si la figure de Fabrice avait un défaut, c’était de présenter quelquefois, hors de propos, l’expression de la volupté et de la gaîté.

Le comte ne le laissa point partir sans lui dire que, malgré son état de retraite, il y aurait peut-être de l’affectation à ne pas paraître à la cour le samedi suivant ; c’était le jour de naissance de la princesse. Ce mot fut un coup de poignard pour Fabrice. Grand Dieu ! pensa-t-il, que suis-je venu faire dans ce palais ! Il ne pouvait penser sans frémir à la rencontre qu’il pouvait faire à la cour. Cette idée absorba toutes les autres ; il pensa que l’unique ressource qui lui restât était d’arriver au palais au moment précis où l’on ouvrirait les portes des salons.

En effet, le nom de monsignor del Dongo fut un des premiers annoncés à la soirée de grand gala, et la princesse le reçut avec toute la distinction possible. Les yeux de Fabrice étaient fixés sur la pendule, et, à l’instant où elle marqua la vingtième minute de sa présence dans ce salon, il se levait pour prendre congé, lorsque le prince entra chez sa mère. Après lui avoir fait la cour quelques instants, Fabrice se rapprochait de la porte par une savante manœuvre, lorsque vint éclater à ses dépens un de ces petits riens de cour que la