Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/112

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Sansfin revint tout à coup à ses façons ordinaires ; si elles n’étaient pas fort distinguées, elles annonçaient du moins un homme réfléchi, accablé de travail et n’ayant le temps ni d’adoucir le feu de ses pensées, ni de polir ses expressions.

Il prit l’air le plus lugubre :

— Madame la duchesse, j’ai la douleur de devoir préparer votre esprit à tout ce qu’il y a de plus triste ; tout est fini pour cette aimable enfant. Je ne vois qu’un moyen de retarder peut-être les progrès de l’effroyable maladie de poitrine ; il faut, ajouta-t-il en reprenant l’air dur, qu’elle aille occuper dans la chaumière des Hautemare la petite chambre où elle a vécu si longtemps.

— L’on ne vous a pas appelé, monsieur, s’écria la duchesse avec colère, pour changer l’ordre de ma maison, mais pour tâcher, si vous le pouvez, de guérir l’indisposition de cette enfant.

— Agréez l’hommage de mon profond respect, s’écria le docteur d’un air sardonique, et faites appeler M. le curé. Mon temps est réclamé par d’autres malades que leurs entours me permettront de guérir.