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Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/216

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ne pardonnait point à la jeune fille les sept robes de soie de la duchesse sur lesquelles elle avait compté.

Mais sa première idée en voyant Lamiel fut qu’elle, Mlle Anselme, était séparée par neuf grands pieds du premier salon où se trouvait peut-être un vieux valet de chambre sourd. Elle fut donc avec la jeune fille d’une politesse tellement mielleuse que le cœur de celle-ci en fut révolté. Lamiel lui dit brusquement :

— Madame m’a ordonné de continuer mon éducation de lectrice, et je viens prendre des livres.

— Prenez tout ce que vous voudrez, mademoiselle ; ne sait-on pas que tout ce qui est au château vous appartient ?

Lamiel profita de la permission et emporta plus de vingt volumes ; elle sortit de la bibliothèque, puis y rentra avec vivacité.

— J’oubliais… dit-elle à Mlle Anselme qui suivait ses mouvements d’un œil jaloux.

Lamiel avait d’abord pris les romans de Mme de Genlis, la Bible, Éraste ou l’Ami de la jeunesse, Sethos, les histoires d’Anquetil, et autres livres permis par la duchesse.

— Je suis une sotte, se dit-elle. Je m’occupe