Page:Stendhal - Lamiel, éd. Stryienski, 1889.djvu/57

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Cette réponse me plut, et j’allai la redire à la duchesse, que je fis rire.

— J’aimerais quasi mieux me retirer chez mon père, portier de l’hôtel de Miossens à Paris, et borner mon ambition à solliciter sa survivance.

— Cela n’est pas mal hardi et jacobin, s’écria Du Saillard, et qui vous dit qu’on vous l’accordera, cette survivance, si je fais un rapport contre vous ?

— Le duc m’honore de sa protection.

Le petit abbé avait les larmes aux yeux et il eut bien de la peine à cacher son émotion à son terrible confrère. Fédor était venu pour quinze jours respirer l’air pur du Calvados. Cet enfant, à qui on voulait donner de l’esprit, avait huit maîtres dont il recevait leçon chaque jour, et était d’une faible santé. Il n’en repartit pas moins pour Paris le surlendemain du miracle des pétards, et l’héritier maigre et chétif de tant de beaux domaines ne coucha que trois jours dans le magnifique château de ses aïeux. Du Saillard eut du mérite à cela, et nous en riions beaucoup, M. l’abbé Le Cloud et moi.

Du Saillard eut beaucoup de peine à faire condescendre la duchesse à ses volontés ; il fut obligé