Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/253

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— Qui donc ?

— Mais apparemment cet amoureux que vous cherchez.

— Dieu me délivre des amoureux ! J’aime mieux ma liberté que tout. Mais est-ce que vous n’avez pas eu d’amoureux ?

— Si fait, répondit Marthe à voix basse.

— Et qu’en dites-vous ?

— Que c’est une chose délicieuse.

— Eh bien ! rien n’est plus ennuyeux pour moi. Tout le monde me vante cet amour comme le plus grand des bonheurs ; dans toutes les comédies, on ne voit que des gens qui parlent de leur amour ; dans les tragédies ils se tuent pour l’amour ; moi, je voudrais que mon amoureux fût mon esclave, je le renverrais au bout d’un quart d’heure.

Marthe restait pétrifiée d’étonnement.

— Et vous, mademoiselle, qui avez un amoureux si joli ! Quelqu’un disait l’autre jour à madame qu’il vous connaissait bien, que M. Miossens vous avait enlevée à un autre amoureux qui vous donnait mille francs par mois.

— Je parie, dit Lamiel, que ce quelqu’un était commis voyageur.

— Eh bien ! oui, mademoiselle, dit Marthe en ouvrant de grands yeux.

Lamiel éclata de rire.