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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/254

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— Et ne faisait-il pas entendre, ce voyageur-là, qu’il avait eu l’honneur de mes bonnes grâces ?

— Hélas, oui, dit Marthe en baissant les yeux.

Lamiel se laissa aller à s’appuyer contre un arbre voisin et rit à en perdre la respiration.

En rentrant dans Rouen, elle fut reconnue par les jeunes gens qui la voyaient tous les soirs au spectacle ; et Marthe reçut deux petits billets écrits rapidement au crayon, qu’on lui mit dans les mains avec une pièce de monnaie. Elle voulut les donner à Lamiel.

— Non, gardez-les, dit celle-ci, vous les remettrez à M. Miossens à son retour, et lui aussi vous les paiera.

À l’heure du spectacle, Lamiel regretta un instant le duc ; puis elle s’écria :

— Ma foi non, toute réflexion faite, j’aime mieux manquer le spectacle que le voir arriver avec son bouquet obligé.

Puis elle courut chez la maîtresse de l’hôtel.

— Voulez-vous, madame, que je loue une loge et m’accompagner au spectacle ?

L’hôtesse refusa d’abord, puis accepta et envoya chercher un coiffeur.

— Eh bien ! moi, j’ai l’esprit de contradiction, se dit Lamiel ; elle avait encore