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Page:Stendhal - Lamiel, 1928, éd. Martineau.djvu/267

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politesse, surtout envers un jeune homme qui se ruinait en personne comme il faut, que, pour rien au monde, elle n’aurait violenté le comte. Il fallait cependant aller au lit, et elle voyait à faire réveiller l’homme de peine de la maison et les aides-cuisiniers, lorsque le comte se mit à expliquer pour la deuxième fois son projet sur Lamiel.

Alors Mme Le Grand appela la jeune fille qui avait pris la fuite en entendant répéter son nom, et la pria d’ordonner au comte d’Aubigné de remonter chez lui.

— Mais, ma chère madame, songez que demain ce M. le comte s’autorisera de ce mot pour m’adresser la parole.

— Demain il ne se souviendra de rien et viendra me demander pardon. Je le connais, ce n’est pas la première fois qu’il rentre dans cet état. Il faudra que je l’engage bien poliment à choisir un autre hôtel. Il est haut comme les nues, il tutoie les domestiques et c’est pour cela qu’ils ne veulent pas le porter dans son appartement.

— Il s’enivre donc bien souvent ? dit Lamiel.

— Tous les jours, je crois ; sa vie est un tissu de folies ; il tient à passer pour le jeune homme le plus fou de tous ceux qui brillent dans les loges de l’Opéra. Dernière-