Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/278

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d’un air si supérieur et en soufflant dans ses joues comme un sanglier ?

— Comment ! vous ne le connaissez pas ? C’est M. le marquis de Sanréal, le gentilhomme le plus riche de la province.

La conversation de Lucien avec mademoiselle Théodelinde était fort animée ; c’est pourquoi elle fut interrompue par M. de Sanréal qui, contrarié de l’air heureux de Lucien, s’approcha de mademoiselle Théodelinde et lui parla à demi bas, sans faire la moindre attention à Lucien.

En province tout est permis à un homme riche et non marié.

Lucien fut rappelé aux convenances par cet acte de demi-hostilité. L’antique pendule attachée à la muraille, à huit pieds de hauteur, avait un cadran d’étain tellement découpé, que l’on ne pouvait voir ni l’heure, ni les aiguilles ; elle sonna, et Lucien vit qu’il était depuis deux grandes heures chez les Serpierre. Il sortit.

« Voyons, se dit-il, si j’ai ces préjugés aristocratiques dont mon père se moque tant tous les jours. » Il alla chez madame Berchu ; il y trouva le préfet, qui achevait sa partie de boston.

En voyant entrer Lucien, M. Berchu