Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/163

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définitive, si rien n’est survenu, à deux heures. L’élection du président du collège électoral commence à neuf heures, le scrutin sera fermé à trois.

— Il serait bien essentiel que vos amis n’allassent voter qu’après [que] j’aurai eu l’honneur de vous voir à deux heures.

— Ce n’est pas peu de chose que vous me demandez là. Il faudrait pouvoir les parquer dans une salle et les enfermer à clef.

Coffe attendait Leuwen dans la rue. Ils coururent faire une lettre au ministre, dans laquelle Leuwen disait :

« Je sens combien je m’expose en me mêlant aussi activement d’une affaire désespérée. Si le ministre voulait me donner tous les torts, rien ne serait plus facile ; mais enfin je n’ai pas voulu laisser perdre une bataille à ma barbe sans faire donner nos troupes. Mes moyens sont ridicules pour le peu d’importance que leur donne l’étranglement du temps. À huit heures trois quarts, j’ai été chez le cousin de M. le président Donis, à neuf heures chez M. l’abbé Le Canu. Je n’en suis sorti qu’à onze heures. À onze heures un quart, je suis allé chez M. l’abbé Donis-Disjonval, à midi chez le général Fari. À midi et demi, je vous ai adressé ma dépêche télégraphique n° 2. À une heure et demie, je vous écris. À deux heures, je passerai chez