Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/179

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de mon père. On connaît son agonie de trente-six heures ; il était plein de courage. Ce préfet, d’un esprit si aimable, et que l’on eût dit né seulement pour faire le charme de la meilleure compagnie, osait résister à l’empereur et répondre vertement aux ministres qui lui demandaient des injustices ; aussi fut-il à peu près destitué à Dijon : mais après quelques mois l’empereur le rappela aux affaires et l’envoya à Nancy.

Un jour, il apprend que plusieurs chariots chargés de malades attaqués du typhus sont arrêtés à la porte de l’hôpital, parce que personne ne veut aider les malades à gagner leurs lits. Il y court, transporte plusieurs malades dans ses bras, et trois jours après il était mort. Ce qui scandalisera bien des gens, c’est que M. Riouffe n’avait jamais été ni grave, ni empesé, ni hypocrite. Dijon a été heureuse en préfets ; après M. Riouffe elle eut M. Molé.

Dijon, qui pour l’esprit n’a de rivale en France que Grenoble, est une ville composée de jolies maisons bâties en petites pierres carrées, mais elles n’ont guère qu’un premier étage et un petit second. Cela donne l’air village. C’est bien plus commode, plus sain, etc., que des maisons de cinq étages ; mais il n’y a plus