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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/454

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CHATEAUROUX

tier m’a donné un œuf, de la cassonade, puis m’a regardé faire fort attentivement.

Le château qui a donné son nom à la ville, et que Raoul-le-Large fit bâtir en 940, subsiste encore, perché sur une colline d’où ses tourelles dominent l’Indre ; j’ai admiré la belle vue. La ville est entourée de jolies prairies : les maisons sont anciennes, il est vrai, mais pleines de physionomie ; elles n’ont pas l’air misérable comme les maisons de Troyes. Je me suis fait ouvrir l’église de Saint-André ; mais le bedeau de Saint-Martial[1] a fait la sourde oreille ; puis, j’ai couru bien vite à l’auberge neuve. Les cinquante minutes que le conducteur m’avait données expiraient, mais rien n’était prêt pour le départ ; deux ou trois bourgeois de Châteauroux venaient seulement de s’apercevoir, à cinq heures trois quarts, qu’ils avaient envie d’aller à Tours. Du haut de mon coupé, j’ai assisté à l’embarquement de leurs malles et à leur anxiété pour leur salut ; c’était un spectacle pitoyable. Un fat est survenu en chantonnant, qui a pris place à mes côtés. Il m’a amusé jusqu’à un village à six lieues de là, sur la route de Tours ;

  1. Toutes les éditions portent Saint-Landry et Saint-Martin : deux noms d’église qui n’existent pas à Châteauroux. Faut-il incriminer la mauvaise écriture de Stendhal, ou en passant à Châteauroux aura-t-il mal entendu les noms qu’on lui aura dits ? N. D. L. É.