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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

beau sexe que lui vaut son uniforme ? Faites-le donc aussi brillant que possible, c’est une partie de sa paye. D’où vient que le 4e de hussards a six cents engagés volontaires ?

Comme je m’ennuie à Tours, ce que j’écris doit être bien pâle. Combien ne serait-il pas plus agréable et plus facile d’écrire un voyage en Italie ! Ce beau pays a ses paysages sublimes, ses lacs de Lombardie, son Vésuve, les tableaux de Raphaël et la musique. Il a le moral de ses habitants. En Italie, mon âme admirerait sans cesse. Là rien de sec.

On trouve à chaque instant, chez le paysan d’Italie, au lieu de la niaiserie champenoise et berrichone, ce bon sens profond, conséquence des républiques du moyen-âge et des admirables coquineries par lesquelles une trentaine de familles puissantes parvinrent à dépouiller le peuple de l’autorité : les Médicis, les Malatesta, les Baglione, etc., etc.

De plus, ce qui a fait naître la musique, la nature, y a mis dans tous les cœurs l’amour de l’amour. Ailleurs l’amour n’est qu’une occasion de plaisirs de vanité pour la moitié des habitants. Le paysan des États du pape a du pain blanc, de la viande et du vin à tous ses repas.

Les arts naquirent en Italie vers l’an