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quité, les Grecs avaient pour certains de leurs demi-dieux.

En 1580, il s’était formé au milieu de la Lombardie un corps d’assassins très redouté ; c’était celui des Bravi. Beaucoup de grands seigneurs en avaient à gages et en disposaient souverainement pour satisfaire à tous leurs caprices, soit de haine, soit de vengeance, soit même d’amour. Les bravi exécutaient avec une audace et une habileté sans exemple les missions les plus difficiles ; ils faisaient trembler jusqu’aux autorités. Dès 1583, le gouverneur espagnol de Milan fit de vains efforts pour détruire cette corporation dangereuse ; il publia édits sur édits, ce qui n’empêcha pas les bravi de se recruter. En 1628, ce corps était très florissant et avait la plus effrayante réputation pour ses assassinats et ses rapts.

Les bravi servaient de seconds dans les duels que les seigneurs auxquels ils appartenaient pouvaient avoir entre eux. Une obéissance aveugle, la discrétion et la prudence, étaient les premières qualités de la profession de bravo.

Le brigandage existe en Italie de temps immémorial mais c’est vers le milieu du xvie siècle qu’il prit une grande extension.

Cette profession fut d’abord exercée par des hommes qui trouvaient plus hono-