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un état voisin et le passage des Anglais inquiétaient. On n’a donc pas osé supprimer l’université. Mais on a réduit à quinze cents francs d’appointement des professeurs qui en avaient quatre mille sous Napoléon et qui n’ont pu acquérir la science qu’ils enseignent que par dix ans d’études. On a fait l’étourderie de nommer ces professeurs à dater du 8 octobre 1814. Puis on s’est aperçu que les cours ne commençaient que le 1er  novembre. Pour épargner des appointements de 125 francs par mois on a biffé l’ordonnance et on en a fait une nouvelle datée du 1er  novembre. Ensuite on a fait payer à de pauvres diables de savants enrichis par des appointements de cent vingt-cinq francs par mois leur brevet en parchemin signé par le roi cent quatre-vingts francs.

Cette forme d’université a été ouverte par un discours. Mais le ministre a envoyé dire à l’orateur qu’il eût à ne pas nommer Alfieri.

Or, les deux seuls artistes que le pays ait produits depuis un siècle sont Alfieri et Bodoni.

Ajouterai-je qu’un juge homme d’esprit m’a assuré qu’au 10 février 1815 le nombre des assassinats commis depuis le retour du père du peuple égalait la somme des assassinats commis pendant