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passion. Quels yeux divins que ceux de madame C***, écoutant un certain air bouffe de Païsiello (l’air du Pédant dans la Scuffiara, chanté avec verve par un amateur) ! Nous rentrons à Grotta-Ferrata à deux heures ; nous n’avons plus peur.

27 août[1]. — Ce qu’il y a de plus beau en musique, c’est incontestablement un récitatif dit avec la méthode de madame Grassini et l’âme de madame Pasta. Les points d’orgue, et autres ornements qu’invente l’âme émue du chanteur, peignent admirablement (ou, pour dire vrai, reproduisent dans votre âme) ces petits moments de repos délicieux que l’on rencontre dans les vraies passions. Pendant ces courts instants, l’âme de l’être passionné se détaille les plaisirs ou les peines que vient de lui montrer le pas en avant fait par son esprit. Cela, expliqué en dix pages élégantes, serait compris de tous et augmenterait la masse de science qui permet aux sots d’être pédants. J’en aurais le talent, que je ne le ferais pas. Je ne désire être compris que des gens nés pour la musique ; je voudrais pouvoir écrire dans une langue sacrée.

  1. Sur l’exemplaire Serge André Stendhal écrit à cette Daga une note au crayon : « Je passe une heure à lire Nardini, c’est peut-être le seul homme de bon sens qui ait écrit sur les ruines de Rome. Il ne se vendit à personne, grande différence avec un savant moderne. » N. D. L. E.