Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/108

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Les arts sont un privilège, et chèrement acheté ! par combien de malheurs, par combien de sottises, par combien de journées de profonde mélancolie ! Je remarquais au concert d’hier soir quelques-unes des plus jolies femmes de Rome. La beauté romaine, pleine d’âme et de feu, me rappelle Bologne, il y a ici de plus longs moments d’indifférence ou de tristesse.

On aperçoit l’effet du grand monde. Ces dames ont un peu de l’indifférence d’une duchesse de l’ancien régime[1] ; mais leur vivacité les emporte ; elles changent souvent de place, s’agitent beaucoup dans un salon, elles n’en sont que plus belles. Tant de mouvements dérangeraient à Paris une jolie robe de Victorine.

28 août. — La plus belle forêt du monde est celle de la Riccia. De grands rochers nus, couleur de bistre, percent au milieu de la plus belle verdure et des accidents de feuillage les plus pittoresques. On voit bien, à l’étonnante vigueur de la végétation, que la montagne d’Albano est un ancien volcan. Malgré la chaleur accablante partout

  1. Voir la Galerie des Dames françaises, Londres (Paris) 1790, in-8°, de 207 pages, contenant cinquante-huit portraits du temps. Le peintre est ridicule, mais il y a de la ressemblance. M. le docteur Villermé donne une explication singulière de la mauvaise santé des grandes dames en 1789.